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Nouvelles de 2001 25/08/2005


 

décembre 2001 - Le message de la Présidente !  
Depuis plusieurs mois, nous n’avons que difficilement des nouvelles d’Abéché. Les communications par fax et E-mails étant momentanément coupées…

Je peux néanmoins vous relater celles de septembre émanant de deux infirmières revenant du Tchad pour un congé et du rapport trimestriel qui m’a été remis.
La situation générale semblait tendue. Des combattants d’opposition gouvernementale continuaient à faire des incursions dans l’est du Pays. 

Insécurité et haine entre les ethnies restaient un facteur inquiétant…
La vie à l’intérieur de l’Orphelinat Bakan Assalam n’est heureusement pas touchée et porte bien son nom : « lieu de paix » !
Toujours plus d’enfants reçoivent nourriture et soins appropriés. D’autre part, il est encourageant d’apprendre qu’un réaménagement des locaux va s’opérer afin de développer le suivi des vaccinations avec l’approbation du délégué sanitaire tchadien !

La récente saison des pluies a été meilleure et l’on espère cette année une bonne récolte de mil, Inch’Allah !!!
Le travail en brousse s'accomplit avec toujours autant de volonté et d’efficacité. Il est remarquable et surtout émouvant d’entendre les histoires des infirmières en ces termes : "Nous vivons tous les jours des miracles ! Souvent lorsqu’on nous amène l’enfant, nous sommes convaincus qu’il ne vivra pas tant son état est désespéré. Imaginez par exemple un prématuré de 7 mois ne pesant qu’un kilo et respirant à peine…ou encore ce nouveau-né dont la mère vient de mourir : il ne s’alimente plus, présente une intolérance totale au lait en poudre qu’on lui donne et se déshydrate d’heure en heure, etc.
Le combat se vit au quotidien et il est bon de rappeler que chacun de vous êtes les précieux maillons de la chaîne pour l’aide apportée sur place.

Quelle ne fut pas la joie de tous lorsque dans le courant du mois de mai 2001, le conteneur est arrivé avec la totalité de l’expédition !
Pas moins de 2 tonnes de lait spécifiques aux prématurés auquel s’est ajouté le lait 1er âge, offert pour la première fois par la Confédération. Avec cela, du matériel médical, biberons, vêtements, couvertures, livres et cahiers pour le préscolaire. 
Cette année, l’expédition est également en pleine préparation et beaucoup plus importante en médicaments. Le départ est fixé début décembre.

D’autre part, nous avons décidé d’avoir une certaine somme d’argent à disposition, prête à être envoyée en cas de crise grave telle que famine ou autre situation d’urgence pour l’achat de mil par exemple.
Enfin, nous étudions la possibilité de contribuer financièrement au projet de formation de personnel tchadien en tant qu’infirmier ou autre fonction et qui sera probablement une des clefs d’un réel développement.
Dernière information à vous communiquer : le dispensaire de Matadjena est terminé et devrait être opérationnel depuis mi-octobre. Il est aussi envisagé de construire un barrage afin d'inonder la station durant la saison des pluies.
Avant de terminer ce rapport, mon comité et moi-même tenons à vous remercier sincèrement de votre fidélité dans l’aide quelle qu’elle soit et vous souhaitons très chaleureusement un Noël rempli d’Amour, de Paix et d’Espoir…

Mary Elen Chesaux 
Présidente RAD


Une consultation « plus ou moins »normale 

Actuellement nous sommes en saison fraîche et les malades ne viennent pas avant 9 heures ou 10 heures. Nous ouvrons nos portes à 8 heures du matin et une consultation dure jusqu’à 12 heures environ. Le froid ralentit le rythme des gens ce qui fait que certains n’arrivent qu’à 12heures. Il faut accepter ce rythme plus lent même si cela est quelque fois difficile pour nous européens qui avons souvent un programme plus ou moins chargé. Notre dernière consultation a commencé lentement avec des maladies bénignes, quelques vaccinations à donner et du lait à distribuer. Il n’y avait rien de spécial. Une jeune femme est venue à la consultation, toute pâle et elle n’avait pas beaucoup de force. L’homme qui l’accompagnait, m’a demandé si nous traitions des petits enfants car ce dernier était malade. Nous avons dit « oui » et l’homme est reparti pour chercher l’enfant à la maison. En regardant la femme, je me suis dit que c’était probablement la femme qui était malade et non pas l’enfant. L’enfant n’était pas malade, il avait faim. Depuis plusieurs jours la mère n’allaitait plus ce bébé car elle avait une grosse mastite. Le volume d’un sein avait doublé, car un abcès s’était formé qui avait mûri. Que faire ? La femme souffrait beaucoup et c’était un abcès important à ouvrir. Nous avons sorti du sein ½ litre de pus qui coulait tout seul, tellement la quantité était importante. La femme n’a dit aucun mot, elle souffrait mais était très courageuse. Nous avions vraiment pitié de cette femme. Depuis 5 jours elle était souffrante mais la famille ne lui avait pas permis d’aller à l’hôpital ! Quel calvaire pour cette jeune femme ! Elle est en bonne voie de guérison et elle va mieux. Heureusement elle a encore du lait et elle peut allaiter son enfant. Dans nos consultations, nous voyons souvent des cas difficiles. Des gens qui ont traîné à la maison, qui viennent très tard et qui attendent un miracle ! Nous voyons des maladies à des stades tellement avancés que nous avons du mal à imaginer que cela existe. Nous sommes toujours étonnés de voir comment on peut aider avec peu de moyens. Et nous sommes reconnaissants pour chaque malade qui retrouve sa santé.  

RAPPORT DE L’ORPHELINAT BAKAN ASSALAM, ABÉCHÉ, TCHAD Abéché, le 21.11.2001

Chers amis,
Par cette petite lettre nous aimerions vous donner quelques nouvelles de notre travail. Nous sommes reconnaissants pour toute l'aide que vous nous apportez sans laquelle nous aurions beaucoup de difficultés.

Les consultations de la SMI :

Durant cette année nous avons admis 80 orphelins à la SMI et fin d'année 2000, nous en avions plus que100. Ces résultats nous montrent qu'il y a moins de décès de femmes pendant ou après l'accouchement ce qui est très encourageant pour nous. Début d'année, Agathe Burrus a fait plusieurs formations de matrones en brousse en collaboration avec AFRICARE. Ce travail porte des fruits puisque le nombre d'orphelins a diminué ce qui nous encourage à continuer dans ce sens.
Nous avons aussi constaté que le nombre des malnutris diminue. Une fois par semaine nous avons une consultation pour les malnutris mais malheureusement les mères ne viennent pas régulièrement, et elles ne suivent pas nos conseils. Les travaux champêtres ou d'autres activités sont plus importants que la santé de l'enfant. Le travail avec les malnutris est souvent décourageant et nous cherchons toujours une solution pour motiver les mères et avoir de meilleurs résultats.
Nous avons de plus en plus de nouveau-nés à nos consultations, car l'hôpital est souvent en grève et le service de pédiatrie ne fonctionne pas bien. Les gens en ville savent que nous traitons les nouveau-nés ce qui fait que les familles viennent de tous les quartiers d'Abéché. Nous suivons une dizaine de femmes avec des problèmes d'allaitement, ce nombre a augmenté par rapport à l'année dernière.

Sorties en brousse :

Nous avons repris nos sorties en brousse. Dans l'ensemble, la saison des pluies était bonne et les gens sont tous dans les champs pour récolter le mil, les arachides, etc....Il arrive que nous ne trouvions pas les enfants dans les villages car ils sont avec leurs familles dans les champs. La saison des pluies ayant été bonne, les pistes sont ravinées, dans un mauvais état, impraticables pour notre véhicule ce qui fait que nous n'avons pas pu voir certains enfants. Nous allons les visiter l'année prochaine quand il n'y aura plus d'herbe et quand les «routes» seront plus praticables. Les enfants vont bien et c'est beau de voir comme ils sont aimés et acceptés par leurs familles. Il y a toujours des enfants mal soignés mais c'est rare. Nous sommes heureux que la saison des pluies a été abondante, ce qui donnera une bonne récolte dans la plupart des régions. L'année dernière par manque d'eau nous avions une famine et la population a vraiment souffert. Nous avons distribué du mil aux familles des orphelins pour qu'ils aient assez à manger. Les familles étaient très reconnaissantes et souvent elles ne savaient plus comment nous remercier. Cette distribution ne nous a pas demandé un grand effort mais pour les gens c'était un immense cadeau « venu du ciel ». Une vieille femme est même tombée à genoux devant nous pour nous remercier, nous étions vraiment touchés et gênés par cette reconnaissance.

La pouponnière :

A la pouponnière, c'est vraiment calme en ce moment. C'est la deuxième fois cette année, qu'elle est vide pour quelques semaines. Ceci car les gens sont nous au champ et ne nous apportent pas rapidement les enfants malades. Nous ne pouvons pas non plus programmer le nombre d'admissions à la poup. Il y a trois mois, la poup était pleine et nous avons soigné des cas très graves. Malheureusement 5 enfants sont décédés pendant ce temps. Ce n'était pas facile pour les familles et pour nous. Bien sûr ce n'est pas nous qui tenons la vie d'un enfant entre les mains mais c'est décourageant et souvent frustrant. Nous avions pas mal de prématurés qui sont en bonne santé maintenant et qui viennent encore régulièrement à la consultation. Ils sont devenus de gros bébés, souriants, qui grandissent bien.

Le préscolaire :

Le préscolaire a repris depuis mi septembre pour des enfants de 4 à 6 ans. Il y a 2 classes de 25 élèves qui ont cours du lundi au mardi et du jeudi au samedi. Le programme est diversifié, de l'apprentissage du français, au calcul à l'écriture et bien sûr des activités récréatives. Les premières semaines n'ont pas été faciles pour les petits et chaque année nous avons quelques enfants qui ont vraiment du mal à être séparés de leurs familles, même si ce n'est que pour quelques heures. Ils sont quand même encore petits. Pour les deux classes, nous avons deux éducateurs tchadiens qui enseignent et deux femmes tchadiennes qui aident à encadrer les élèves. Nous sommes reconnaissants d'avoir cette équipe au préscolaire. Cette année nous avons aussi une jeune allemande qui aide les enseignants dans les activités éducatives et sportives.

Matadjéné :

Après 25 ans d'interruption, le 18.11.2001 le dispensaire de Matadjéné ouvrait ses portes. Etienne Klopfenstein qui a déjà travaillé à Matadjéné dans les années 60 est venu pour démarrer le travail. Une équipe d'ouvriers de l'orphelinat est montée avec lui pour continuer à rénover les anciens bâtiments, et Etienne a fait des soins. Le dispensaire est devenu fonctionnel et beau, après un bon nettoyage, et le travail a pu commencer.
Etienne écrit : « Pendant un mois, j'ai vu défiler un cortège incessant d'une population abandonnée médicalement pendant si longtemps. Les pathologies étaient diversifiées (tumeurs, brûlures infectées, mycoses, kystes, blessures, hernies, poliomyélite et céphalées).

- Une mère qui après plus de 50 km. sur son âne, arrive trop tard pour sauver
son fils de 2 ans du tétanos.

- Un homme, la main éclatée par 3 impacts de balles.

- Une femme qui ne pouvait pas accoucher d'un enfant mort depuis plus de 20 jours, dans un état d'infection épouvantable. »
Etienne est allé à Matadjéné pour un mois, a traité les malades, opéré des petites choses et sauvé des vies. Durant ce mois il a soigné plus de 400 personnes. Nous sommes reconnaissants pour le travail qu'il a fait là-bas. Pour le mois de décembre nous attendons Paul et Madeleine Horala qui ont déjà travaillé à Matadjéné et qui reprendront pendant quelques mois ce travail médical.

Nous cherchons toujours un infirmier tchadien qui s'installe à Matadjéné. Il est difficile de trouver des gens sérieux et surtout motivés pour travailler dans une région si isolée. Nous avons vu durant ce mois que les gens viennent de très loin pour se faire soigner car il y a un climat de confiance qui s'est installé entre les malades et le soignant.


Torani :

Nous avons aussi un dispensaire à 80km d'Abéché tenu par un couple tchadien, David et Anne Penabaye qui sont revenus au mois de juin après 2 ans passées dans le sud du Tchad.
Cet établissement de bonne renommée accueille beaucoup de malades de toute la région de Torani, car ils font confiance à David et Anne. Cette dernière est sage-femme, fait des consultations prénatales et des accouchements difficiles. Nous espérons que par son travail la mortalité maternelle diminuera. A côté de ce travail médical, nous avons un couple tchadien qui s'occupe de l'animation rurale.
Ce travail existe depuis des années dans cette région et nous constatons avec joie que la population accepte avec reconnaissances des 2 activités bien différentes mais si importantes pour la vie des villageois.
Nous avons essayé de vous donner une petite vue d'ensemble du travail qui se fait à l'orphelinat et dans nos 2 dispensaires et nous espérons que ce petit rapport vous aidera à mieux comprendre notre travail et à mieux nous suivre dans l'évolution de nos activités.

Recevez nos meilleures salutations
Doris Lotz et Marguerite Oberli
Orphelinat Bakan Assalam
BP 24, Abéché, Tchad  

Notre petite "crevette"

Il y a à peine deux semaines, on nous a amené une petite fille de 1,300gr. La mère venait d’accoucher à l'hôpital suite à un accident et la grand-mère maternelle a tout de suite apporté cet enfant chez nous. La mère était comateuse, dans un mauvais état général, et nous avions bien peur qu'elle ne survive pas. En interrogeant la famille, nous avons appris que la mère était une jeune fille de 13 ans, qui avait déjà des problèmes de santé durant la grossesse. L'histoire est tragique puisque la famille était en train d'amener la mère à l'hôpital quand l'accident s'est produit devant cet établissement. La mère voulait descendre de la mobylette quand tout à coup une voiture l'a percutée, et elle est tombée sur la tête. Malheureusement, ce véhicule n'avait pas de freins. La jeune fille a été admise en urgence à l'hôpital où elle a accouché 1heure après d'une petite fille prématurée de 7 mois 1/2. Après l'accouchement la mère est restée à l'hôpital pour une bonne surveillance et des soins, tandis que le bébé a été admis à la pouponnière. Nous n'avions pas de lait maternel pour cet enfant. Où en trouver ? Que faire ? La mère n'était pas en état d'allaiter. Heureusement que la grand-mère paternelle qui avait un bébé de 4 mois, était prête à nous donner de son lait. Nous étions très contentes d'avoir trouvé cette solution pour les premiers jours jusqu'à ce que la mère aille mieux. Malheureusement elle est décédée deux jours plus tard. Notre petite "crevette" allait mieux mais sa mère était décédée. Nous étions très touchées par cette situation dramatique puisque n'avions jamais eu un bébé prématuré et orphelin. La grand-mère continue à donner du lait mais la quantité est insuffisante et nous avons été obligées le compléter avec un lait maternisé. Nous étions assez inquiètes car nous ne savions pas si elle allait supporter ce lait spécial. Mais elle le supporte et commence même à grossir. La famille vient régulièrement la visiter, après une semaine, elle a reçu son nom, elle se nomme "Gisma" ce qui signifie "une chose inattendue". Nous la surnommons "petite crevette" parce qu'elle est tellement petite, avec ses longs cheveux noirs et son corps minuscule. Elle se tourne tellement dans sa couveuse, qu'elle se tire souvent la sonde gastrique. Elle se perd dans cette grande "boîte chaude" mais grâce à sa grosse couverture, elle a un peu plus de volume ! Elle a la volonté de vivre et nous espérons qu'elle survivra, qu'elle grandira et sera aimée et acceptée dans sa famille. Mais elle a encore un long chemin à parcourir.


(c) 2000 - RAD


Septembre 2001 - Le message de la Présidente !
 
Quatre mois se sont écoulés depuis la dernière rédaction ! Nos lecteurs doivent être impatients de pouvoir lire les dernières nouvelles d'Abéché et je les comprends !
 
L'Orphelinat Bakan Assalam a vécu un été un peu troublé. Tout d'abord, le départ d'urgence d'une infirmière "à bout de force" et de son mari, responsable du dispensaire de Matadjané. Ensuite les vacances des uns ou le départ des autres, arrivés au terme de leurs contrats ont conduit à un effectif de personnel restreint et donc à une surcharge de travail.
Le mois de mai reste l’un des mois les plus chauds; la fatigue est extrême pour chacun. Le manque d'eau se fait cruellement sentir; le nombre de consultations d'enfants malades augmente sans cesse. Résultat : nos correspondants sur place n'ont pas toujours le temps de nous écrire des petites histoires...  
Cependant, une journée exceptionnelle du mois de mai reste dans le coeur de chacun : celle de l'arrivée du conteneur avec son précieux chargement !
Cette année, ce ne furent pas moins de 2 tonnes de lait 2ème âge (lait spécifique aux nouveau-nés et prématurés) qui ont été offertes par Raid Afrique Développement ainsi que tout un matériel de première nécessité tel que : sondes gastriques, seringues, compresses, trousses de pansements, biberons, vêtements, couvertures, mais aussi livres et cahiers pour le préscolaire.
Total : CHF 8'000.--
A cet envoi s'est ajouté le lait 1er âge donné pour la première fois par la Confédération Helvétique ! quelle belle surprise ! Jusqu'à ce jour nous l'avions toujours acheté !
 
Je souhaite également apporter une information à tous nos généreux membres :
Chaque année, en général entre septembre et octobre, nous préparons notre expédition. Lorsque celle-ci est prête, nous l'entreposons dans les locaux de l'Association Morija à Collombey qui possède une infrastructure idéale pour recevoir et remplir les conteneurs en partance pour le Tchad, Cameroun etc. Ainsi, moyennant une participation financière au transport versée à l'Association Morija, nous acheminons nos quelques tonnes de lait et matériel divers dans le même conteneur, actuellement jusqu'à N'Djamena car nous travaillons dans les mêmes lieux. Ensuite, le camion du RAD confié à notre délégué sur place, effectue habituellement le parcours jusqu'à Abéché. Cette année le chargement a été pris en charge gratuitement par l'armée française !
 
L'expédition 2001 se prépare. Le conteneur devrait partir entre fin novembre et début décembre. Cette année, notre aide sera principalement axée sur l'achat de médicaments car cette fois la Confédération offre la totalité des besoins en lait. Nous gardons également une somme d'argent en réserve en cas de crise (famine ou autre ) pour l'achat de mil par exemple que nous verserons intégralement. D'autre part nous étudions la possibilité de contribuer financièrement au projet de "formation" de personnel tchadien en tant qu'infirmier ou autre fonction.
 
Pour terminer, la petite histoire de Saleh qui vient de m'être contée par Doris, une infirmière de l'Orphelinat :
"Il y a 2 mois, nous avons vu le petit Saleh pour la première fois. Un samedi soir vers 17 h, l'ambulance de l'hôpital d'Abéché est venue à l'Orphelinat avec une mère qui venait d'accoucher d'un petit garçon prématuré de 7 mois. Ce petit était bien léger ! Il ne pesait que 1100 g et ne respirait pas bien. Nous l'avons consulté et étions convaincues qu'il n'allait pas survivre. Nous avons fait part de nos observations à la mère et avons décidé ensemble qu'elle devait reprendre son bébé à la maison. S'il vivait encore le lendemain matin, cela tenait du miracle et elle devrait nous le ramener ! Le lendemain matin, le bébé est revenu, bien décidé à vivre !! Mais dans un très mauvais état. Nous avons donc admis la mère et son enfant à la pouponnière. Les premiers jours, il a encore maigri et ne pesait plus qu'1 kg. Le 7ème jour s'approchait et la coutume veut que ce jour soit le jour du baptême. Il a donc reçu le nom de Saleh. Sa mère est une toute jeune femme qui avait déjà accouché d'un premier enfant toute seule car son mari était en voyage comme cela arrive fréquemment ici ! Nous étions réjouies de voir combien cette mère aimait son enfant et s'occupait bien de lui. Nous avons installé Saleh dans une couveuse (avec deux bouillottes !). C'était drôle de l'observer car il bougeait beaucoup et se retrouvait souvent de travers !
Après un séjour de 2 mois, notre petit bonhomme pesait 2,200 kg et a pu rentrer à la maison ! Il est devenu un beau bébé avec cette volonté de vivre qui nous laisse souvent perplexes malgré notre expérience...!"
 
 
Mary Elen Chesaux


News fin avril 2001

Diverses activités ont été réalisées au cours de ces derniers mois. Visites et soins aux prisonniers, préparation d'un repas à leur intention, distribution de savons et biscuits.
D'autre part, les habitants d'Abéché ont pu observer à leur grande surprise, le personnel de l'Orphelinat armé de balais, de brosses et de seaux se diriger vers l'hôpital pour nettoyer chaque service. Du plus jeune au plus âgé, tous ont brossé les murs des chambres, balayé le sol, et tout cela dans la bonne humeur et en chantant !...sous les yeux ébahis des patients et de leur famille. Le lendemain, c'était le tour du village des lépreux, puis du grand marché. Souvent la question était posée : "pourquoi faites-vous cela" ??? !!!
 
Agathe part très souvent dans les villages de brousse pour former des accoucheuses traditionnelles avec une ONG (Organisation Non Gouvernementale) locale. Trois jours dans une région, quatre dans une autre, une semaine encore ailleurs... Elle est devenue un peu nomade ! Les accoucheuses sont presque toutes illettrées, mais plusieurs ont le désir d'augmenter leurs connaissances pour pouvoir aider les femmes de leur village. Que faire si l'accouchement dure trop longtemps ? Et si la maman saigne beaucoup alors que le prochain dispensaire est à deux jours à dos d'âne ? Comment peut-on éviter le tétanos néonatal ? C'est à ces questions que nous essayons, dit-elle, de trouver des réponses avec les accoucheuses, à l'aide d'images expliquant l'essentiel et à l'aide d'une poupée qui fait toujours sensation ! Dans certains villages, il est plus difficile d'essayer de changer des attitudes néfastes puisque les gens soutiennent que, quoi que l'on fasse, c'est Allah qui donne la vie et qui la reprend et que l'on ne peut rien y changer. Certaines ne sont pas prêtes à pratiquer des mesures d'hygiène plus strictes, d'autres insistent pour continuer à pratiquer des excisions sur le corps des nouveau-nés pour les protéger des maladies...

Cette année, les prix du mil sont très élevés et pour beaucoup, il n'est pas facile de nourrir sa famille. Agathe m'a fait part de cette petite histoire :
"Il y a quelques semaines, une petite fille de 8 ans est venue nous voir. Sa maman a adopté un orphelin, mais son mari l'a abandonné et elle se retrouve seule avec trois enfants et une vieille grand-mère à charge. La petite était un peu gênée puis elle a dit : ma maman a été accusée injustement et mise en prison depuis trois jours et nous n'avons plus rien à manger. Pouvez-vous nous donner quelque chose ?
Elle était là avec ses deux petits frères de 3 et 4 ans et lorsque nous leurs avons présenté du pain et de la sauce, ils se sont jetés sur la nourriture, visiblement affamés. Je n'avais jamais vu des enfants manger autant et cela m'a bouleversée, sachant que bien d'autres familles sont dans une situation critique et ne peuvent manger à leur faim. Malgré cela, cette petite fille continue à aller à l'école, puis elle prépare le repas pour ses frères et sa grand-mère avant d'aller voir la maman en prison ! Les gens espèrent maintenant qu'une aide alimentaire arrive bientôt, car le temps sera encore long jusqu'à la prochaine récolte, en novembre... "
En mai, Agathe rentrera en Europe pour un congé de quelques mois. Elle se réjouit déjà de pouvoir retrouver famille et amis et partager de vive voix les nouvelles de chacun !

Mary Elen Chesaux
Présidente de RAD


News avril 2001

Nous avons reçu le récit de quelques histoires vécues lors des tournées en brousse par l'équipe de l'orphelinat. Nous vous les faisons partager avec beaucoup d'émotion.
MADRI
Madri était arrivé à la SMI en avril 1999 avec son père accompagné de sa première femme. Sa seconde épouse était enceinte et l'accouchement se présentait mal. Alors, ils sont venus à Abéché sur un gros camion depuis leur village éloigné d'environ 100 km. Arrivés à l'hôpital, la sage-femme a essayé de faire une ventouse pour extraire l'enfant qui était décidément trop gros pour sa jeune maman. Alors, il a été décidé de pratiquer une césarienne et Madri est né, le crâne tout déformé et éraflé, avec la moitié du visage paralysé. Sa maman, épuisée par les jours de contractions, n'a pas survécu. Nous avions ramené Madri, son papa et sa femme dans leur village lors d'une sortie en brousse et là, ce fût le choc. Personne n'était au courant de ce qui était arrivé et tous les frères et sœurs se sont précipités vers la voiture pour accueillir la maman et son bébé. Quelle tristesse de voir que la maman n'était pas là, d'apprendre qu'elle était décédée... Les cris, les pleurs, la douleur de tels instants sont difficiles à décrire et à faire partager ! Deux jours plus tard, nous sommes repassés voir la famille, et Madri encore bien faible, allait déjà mieux. Tout le village était là pour entourer, pour consoler, pour soutenir... Lors des visites ultérieures, nous étions encouragées de voir avec quel soin et quel amour la "nouvelle maman" s'occupait de l'enfant de son "ex-rivale".
La semaine dernière, en arrivant au campement, quelle joie de voir le petit Madri âgé maintenant de 21 mois tout dodu et tout souriant, s'empressant de chercher la théière avec le reste du thé du matin pour nous servir ! Avec les quelques mots qu'il possède et beaucoup de gestes, il fait la causette et amuse toute la galerie ! Ses débuts dans la vie ont été bien difficiles, mais l'amour de sa famille a compensé - autant que faire se peut - la perte de sa maman. Que c'est beau de voir un enfant si épanoui et entouré ! Nous sommes également reconnaissants que notre modeste participation ait pu concourir à cet aboutissement.

SURRAYA

Lors de la saison des pluies, Surraya est venue avec son père, sa maman venant de décéder d'une méningite. Elle était petite et bien faible et son père n'avait personne pour s'occuper d'elle, pas de famille proche qui puisse prendre le bébé en charge, sauf sa mère qui était âgée et bien malade.
Nous l'avons donc hospitalisée à la pouponnière où elle a vite pris du poids, étant un bébé très glouton. Bientôt, Surraya commençait à sourire, à essayer de s'asseoir...  A chaque visite, son père rapportait des bananes de son jardin et était très content de revoir sa fille. Lorsqu'elle eut 7 mois, nous l'avons ramenée dans sa famille où ses 2 frères et ses 2 sœurs l'attendaient. Ce fût un changement pour elle, mais également pour son papa qui a dû apprendre à s'occuper d'un jeune enfant, ce qui est assez inhabituel dans cette culture. La grand-mère allait maintenant mieux et pouvait aussi l'aider un peu.
Entre temps, Surraya a bien grandi. Elle marche maintenant et est en pleine forme. Elle vient volontiers s'installer sur les genoux des visiteurs de passage assis sur la natte. Son père nous raconte une partie de son quotidien, entre le travail à la maison et la surveillance des enfants, son grand jardin de manguiers et de bananiers à plus d'une heure de la maison, et puis avec ces coupeurs de route qui sèment la terreur dans la région et détroussent les gens de retour du marché où ils ont vendu le fruit de leur travail... Alors que justement, en cette année de sécheresse, ils auraient tant besoin de cet argent vu le prix élevé du mil, aliment de base et essentiel en brousse.
Il nous propose ensuite de visiter son jardin, ce qui nous intéresse beaucoup. Depuis le chemin étroit, nous voyons, en contrebas, une bande verte le long du ouaddi (lit asséché de la rivière). En y arrivant, nous sommes très étonnés de voir des bananiers à perte de vue, alors qu'un peu plus loin, tout est sec, aride, même l'herbe ne pousse plus !
Au retour, c'est chargés de deux régimes de bananes et d'un sac de mangues que nous retournons à la voiture, toujours étonnés de voir que la générosité ici, ce n'est pas un vain mot, elle est traduite si concrètement ! Une bonne leçon à retenir pour nous...

ACHTA

La visite dans la famille d'Achta relevait presque d'un jeu de piste. On nous avait indiqué un endroit en brousse, mais en y arrivant, on nous dirige vers un village plus loin. Arrivés là-bas, les gens nous disent que le village d'Achta est encore assez loin, mais que c'est impossible d'y parvenir en voiture, à moins de retourner sur la grande route pour atteindre le village depuis un autre côté. Déjà le soleil s'approche de l'horizon et nous espérons arriver avant la nuit. Une fois sur la grande route, nous trouvons le chemin. Heureusement que les villageois l'ont marqué de cailloux à droite et à gauche, car personne n'était disponible pour nous guider. A travers les collines et les ouaddis plus bas, la voiture se faufile dans la nuit de plus en plus noire. Tout à coup, il y a tellement de cailloux que nous n'arrivons même plus à distinguer ceux qui nous indiquent le chemin de tous les autres ! Nous voilà perdus en pleine nuit dans une région plutôt inhospitalière, avec un vent très froid qui souffle ; on devine les chacals derrière les collines ! Une étoile nous permet de maintenir la direction et on peut surtout apprécier le bon sens d'orientation de notre chauffeur et l'utilité de notre boussole. Après avoir tourné un moment qui nous paraît interminable, nous retrouvons le chemin, et, à la manière du petit Poucet, nous avançons lentement le long de nos cailloux retrouvés jusqu'à ce que, au loin, nous puissions deviner les toits des cases dans la lumière des phares. Dieu merci, nous voici enfin dans le village d'Achta.
Tout le monde est surpris de nous voir et on nous amène de l'eau à boire. On nous conduit dans une case qui nous abrite bien du froid, et, un peu plus tard, une boule de mil et un poulet grillé nous sont présentés. Après une telle expédition, nous apprécions un accueil si chaleureux.
Le lendemain, c'est dans la case des grands-parents d'Achta que je peux me réchauffer un peu à côté du feu en causant avec eux.
Pour nous, c'est déjà l'heure de continuer pour voir les autres orphelins. Au moment du départ, un grand vent de sable se lève et, autour de nous, c'est comme s'il y avait du brouillard. Pour le retour, on ne voit que quelques mètres devant la voiture et cette fois encore, les cailloux sont bien utiles.
Toutes les sorties ne sont heureusement pas aussi difficiles que celle-ci et nous sommes bien reconnaissants d'arriver à l'orphelinat sains et saufs.

UNE JOURNEE PAS FACILE

De temps à autre, nous rencontrons des situations difficiles : C'était le 2ème jour de notre sortie. Nous étions dans une région où les chemins sont très mauvais. La nuit était très fraîche et nous n'avions guère dormi. La famille qui nous accueillait ne savait trop que faire de nous. Le matin, ils ne nous ont servi qu'une tasse de thé ! Très tôt, nous sommes repartis pour voir un autre enfant. Nous avons eu de grosses difficultés à trouver son père ; celui-ci nous a informé que l'enfant était chez sa grand-mère. Celle-ci habitait loin. La piste étant très difficile, il nous a fallu 2 heures pour trouver l'enfant.
Il allait bien, mais, même ici, on ne nous a rien servi ; ils ne savaient que faire de nous. Nous avons alors continué notre chemin. L'enfant que nous avions prévu de visiter ensuite n'était pas présent, ce n'était pas possible de le trouver. Un parcours éprouvant, pour rien !
Après une courte pause, nous reprenons la route, de plus en plus mauvaise et éprouvante pour notre chauffeur. Malgré tout, nous arrivons dans la case de l'enfant le plus éloigné de nos visites. Nous sommes très contents de trouver la fillette en vie, car sa famille ne l'avait pas amenée à l'orphelinat depuis plusieurs mois. Cependant, dès notre arrivée, nous avons remarqué qu'il y avait un problème. La famille du père et celle de la mère ne s'entendaient pas bien. Le père gardait les boîtes de lait chez lui, il ne donnait rien à la grand-mère maternelle qui gardait la fille. La famille maternelle ne pouvait pas venir chercher du lait à l'orphelinat sans autorisation du père. En notre présence, ils ont commencé à se disputer. La pauvre petite était entre eux ! Le père était agressif et méchant envers la grand-mère et nous-mêmes. Cela nous faisait réellement mal au cœur, mais nous avons bien senti que la famille paternelle n'était pas d'accord avec l'aide que nous apportions. Nous avons alors été contraints de décider d'arrêter le suivi ! Nous avons laissé du lait pour la fillette et nous sommes partis rapidement, le cœur serré.

Nous avons regagné la route, pour trouver encore le dernier village avant le coucher du soleil. Après cette dure journée, nous étions très heureux de trouver une famille accueillante et sympathique où nous avons pu passer une bonne nuit.
Ce dernier exemple nous montre qu'en majorité les enfants vont bien, mais que nous rencontrons également des situations délicates qu'il n'est pas toujours facile d'accepter et de vivre...

Sierre, le 10 février 2001

Initiatives locales pour des récoltes de fonds
Le comité de Raid Afrique Développement se réjouit de pouvoir annoncer deux initiatives spontanées de récolte de fonds dans des établissements scolaires du Canton du Valais. 
Au collège de l'Abbaye de St-Maurice, un groupe d'élèves âgés de 16 à 22 ans, sous la houlette de Mlle Nathalie Eggs, a décidé de récolter des fonds afin d'aider des associations ou fondations valaisannes s'occupant d'enfants dans le besoin. Pour marquer la journée des droits de l'enfant, une vente de gâteaux à l'intérieur du collège a été mise sur pied. Les élèves ont participé activement à cette opération et c'est une somme de Fr. 560.- qui a été réunie. Durant la même semaine, le groupe aumônerie du collège a décidé de soutenir cette action en procédant à une vente de thé. La somme totale réunie se monte donc à Fr. 1350.- qui est parvenue à Raid Afrique Développement à fin janvier 2001.
Au cycle d'orientation des Collines à Sion, M. Christophe Pfammatter a choisi, dans le cadre des cours d'allemand, des textes à travailler relatant la vie des enfants vivant dans les bidonvilles des grandes mégalopoles. Les élèves ont été très sensibles à ce thème et c'est ainsi que petit à petit, M. Pfammatter en est arrivé à parler de Raid Afrique. Il est lui-même toujours un membre actif de l'association et a participé à l'expédition de 1989 en ralliant Sierre à Abéché pour transporter du matériel en faveur de l'orphelinat et ce dans des conditions très pénibles où le danger disputait la première place à l'expérience humanitaire. Il a donc pu montrer les diapositives prises sur place et parler d'une épreuve vécue personnellement.

En cette période de Noël, décision fût prise d'agir!!! Deux classes réunissant 45 adolescents de 13 à 16 ans ont organisé des ventes de gâteaux, des travaux divers tels que lavages de voitures, repassages, etc. Ils ont également contribué à la collecte en versant une partie de leurs économies ou de leur argent de poche pour réunir la somme finale impressionnante de Fr. 2140.-. Chapeau, les jeunes!!

Et il paraît qu'un projet mûrit déjà pour l'année prochaine. Nous pouvons que nous en réjouir!!!
Raid Afrique Développement remercie chaleureusement les étudiants et les enseignants de ces deux établissements pour leur initiative. Le comité a été profondément touché par l'investissement remarquable de toutes ces personnes, élèves, adultes, solidaires dans la collecte de ces dons considérables. Leur prise de conscience, leur engagement prouvent bien qu'en ce troisième millénaire, nul enfant n'a le droit de mourir de faim ou de carence de soins, conformément à la charte des droits de l'enfant.

 

 
 
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