Voici qu’un jour du mois de janvier une maman arrive en consultation avec un bébé enfoui sous un tissu comme font toutes les femmes Tchadiennes… pour le protéger du soleil, du sable et des moustiques. C’est toujours une surprise de voir qui se cache dans les bras de la maman et dans quel état il se trouve ! Nous découvrons un enfant d’un petit poids : à peine 1,080 kg. 
Apres l’avoir pesé, nous expliquons à la mère qu’elle doit rester à la pouponnière avec son enfant pour un certain temps. Le bébé sera mis dans une couveuse : « le lieu chaud comme le ventre à sa maman ». Apres l’accord du papa nous les emmenons à la pouponnière, lieu d’hospitalisation des nourrissons. Nous lui donnons un bain, lui mettons une sonde naso-gastrique pour lui donner du lait à chaque heure dès le début de sa vie. L’enfant n’a pas de réflexe de succion et de déglutition, ses organes ont encore besoin de grandir. C’est pourquoi une prise en charge rapprochée de l’enfant est primordiale pour agir en conséquence si besoin. Le personnel soignant est formé à prendre la température régulièrement, à sonder l’enfant avec les bonnes quantités prescrites et la bonne vitesse de gavage. Il est aussi formé à observer l’enfant et nous prévenir dès qu’il décline. Nous avons également besoin de l’assistance et de la collaboration de la mère pour tirer manuellement son lait dans une petite bouteille en verre car nous n’avons pas de tire lait automatique ni de frigo pour contenir le lait. IL y a beaucoup de croyance au Tchad comme quoi le lait en poudre est mieux que le lait de la mère. Nous devons alors passer beaucoup de temps dans les explications : protection des maladies, gratuit, déjà préparé et propre….. Début mars Smaïn et sa maman ont pu rentrer à la maison avec un poids qui dépassait les 2 kg. Nous les avions raccompagnés, et notre arrivée a été une vraie fête. Toutes les femmes des alentours étaient venues nous dire bonjour !... Mary Elen, tu étais avec nous, tu te rappelles ? nous avons pu prendre un bon temps avec elles ! Maintenant nous le suivons chaque semaine à la SMI et la maman comme l’enfant se portent bien. Les liens que nous pouvons tisser sont à chaque fois uniques et très encourageants pour notre travail. Nous pouvons suivre les enfants à domicile, discuter, donner encore des conseils, les rassurer, établir une vraie amitié parfois. 
Mars 2007, Betty et Irène. |
